[VIDEO] Dévitalisation des villes moyennes : ce qu'il faut retenir
Que faut-il retenir de la conférence-débat donnée par Olivier Razemon, l’auteur de « Comment la France a tué ses villes », à Dunkerque ? Retrouvez dans cet article un résumé des temps forts de cette soirée ainsi qu’une vidéo intégrale.
Le 7 mars dernier, Urbis le Mag conviait le journaliste indépendant Olivier Razemon et le directeur de l’agence d’urbanisme de Caen Patrice Duny pour évoquer le phénomène de dévitalisation qui frappe de plein fouet la plupart des villes petites et moyennes. Vous n’étiez pas parmi les 260 présents ? Voici de quoi faire « comme si ».
5 points à retenir de l’intervention d’Olivier Razemon
1. On commence enfin à parler des villes moyennes françaises et à se rendre compte de l’existence de ce phénomène des vitrines vides. Car la situation touche énormément de villes en France – en situation de crise économique ou pas du tout – avec quelques exceptions cependant : les grandes villes, les métropoles, les villes touristiques, les bourgades isolées (montagne…)
2. Les trois principaux symptômes observés sont la vacance commerciale, qui affecte non seulement le centre mais aussi tous les quartiers de la ville, le départ des habitants (on compte entre 10 et 15% de logements vacants dans les villes petites et moyennes en difficulté) et des habitants aux revenus de plus en plus bas
3. Comment en est-on arrivé là ? Dans mon livre, je parle beaucoup de la multiplication, depuis 50 ans, des centres commerciaux. Il n’y a aujourd’hui, aucun rapport entre la création des zones commerciales périphériques et les besoins réels des consommateurs
4. Que faut-il faire ? Arrêter de faire la ville en dehors de la ville. Pour y parvenir, expliquons aux élus les effets délétères de l’étalement urbain. La prise de conscience doit être locale. Il est aussi crucial de maintenir des équipements dans les villes : la piscine, la CPAM, Pôle emploi, la maternité, l’hôpital génèrent des flux favorables au commerce.
5. Le stationnement est une question importante dans la mesure où de nombreux consommateurs se rendent dans les villes en voiture. Mais il faut aussi penser à ce qui vivent dans les villes : plus de voitures, c’est aussi plus de pollution, de bruit et de nuisances diverses… L’attractivité des villes se niche dans une foule de détails !
5 points à retenir de l’intervention de Patrice Duny
1. Caen a été détruite à 75% durant la Guerre et reconstruite. Pourtant c’est dans la partie ancienne, « mal foutue » pour la voiture, que le commerce s’est implanté et fonctionne d’ailleurs très bien.
2. La grande distribution fait des efforts pour pasticher la ville. Mais la ville, cela ne s’invente pas. C’est un climat, une ambiance qui n’est pas reproductible dans toutes ses dimensions. Et c’est pour cela que nous y tenons tous !
3. Rouen ayant eu son Ikéa, il fallait que nous, à Caen, nous ayons le nôtre ! Nous avons donc déroulé le tapis rouge au projet « Inter-Ikéa », un concept de centre commercial autour de l’équipement de la maison directement géré par la foncière immobilière d’Ikéa. En 2011, Ikéa est sorti de terre. On nous a annoncé que le concept Inter-Ikéa ne verrait jamais le jour : il serait remplacé par un centre commercial normal, le sixième de la périphérie de Caen ! L’affaire a été portée devant le tribunal administratif. Nous en saurons plus à la fin de cette année 2017…
4. Au niveau d’une agglomération, tous les élus sont d’accord pour contenir l’urbanisation périphérique… sauf quand cela concerne leur propre commune !
5. Sur deux années seulement, nous avons autorisé ¼ de la surface commerciale existante. L’urbanisme commercial périphérique, ce n’est pas fini. Il doit être manié avec précaution. Les promoteurs doivent être écoutés avec intérêt, certes, mais aussi avec moins de naïveté que par le passé.