Quels centres-villes à l’horizon 2040 ?
Il n’est heureusement pas trop tard pour évoquer le remarquable travail de prospective effectué par l’Agence Hauts de France 2020-2040 sur les centres-villes de demain. Ce document de 200 pages, publié fin 2021, s’avère en effet une mine d’informations pour les élus et les techniciens de collectivités territoriales démunis face au "coup de mou" de leurs centres-villes : vacance commerciale élevée, manque d’attractivité général, implantations d’entreprises et de logements en périphérie…
Plutôt que de développer des scénarios de déclin et de proposer des adaptations de type shrinking city ou ville en rétrécissement, à l’instar du célèbre exemple américain de Détroit, l’équipe de l’Agence Hauts de France 2020-2040 a opté pour l’optimisme : « Nous proposons une prospective stratégique, avec un cap clair : le maintien des centres-villes et le maintien du commerce. S’il existe des éléments de ruptures défavorables, il existe aussi de solutions et des modes de réactions permettant de rebondir », indique Aurore Sorin, la pilote de l’étude.
Fin de l’attractivité naturelle des centres-villes
Le télétravail, la dématérialisation des services bancaire et publics ou l'e-commerce ont considérablement bouleversé l’attractivité naturelle et traditionnelle du centre-ville qui ne constitue plus un lieu de passage obligé. Il revient désormais aux collectivités d’attirer des visiteurs et de leur donner envie de revenir.
Un casse-tête que l’étude « Quels centres-villes à l’horizon 2040 ? » entend simplifier en identifiant cinq familles de défis – gérer les déplacements, capter les flux, anticiper le changement climatique, attirer les résidents, impliquer les usagers. Au total, 22 fiches thématiques sont produites ; chacune passe au crible un défi spécifique à surmonter en l’examinant sous le prisme du passé, du présent et des futurs possibles.
Savoir surveiller les signaux faibles
Des signaux faibles – des éléments de perception de l’environnement faisant figure d’opportunités ou de menaces – sont également identifiés, de manière à être placés sous la surveillance de la collectivité. Citons, parmi ces signaux faibles, le besoin de sociabilité renforcé dans le travail, le non-désir d’enfant en lien avec le changement climatique, la mobilisation citoyenne contre l’artificialisation des sols, la mauvaise image grandissante de l’avion ou encore la désaffection des jeunes des loisirs culturels traditionnels (cinéma, salle de spectacle) au profit de loisirs numériques…
Le travail mené ne pousse pas jusqu’à l’étape des préconisations stratégiques : il se veut davantage « une boîte à outils permettant de définir une stratégie » à destination de « centres-villes aux caractéristiques très différentes, comme on en trouve dans les Hauts de France ».
Pour télécharger l’intégralité de l’étude, cliquez ici et choisissez de télécharger le "recueil".
Ce travail de prospective réalisé par l’Agence Hauts de France 2020-2040 prend place dans un contexte plus large d’investissement du sujet des centres-villes en difficulté par la Région Hauts de France : « Depuis janvier 2019, 114 communes lauréates d’un appel à projets "centres-villes centre-bourgs" ont été accompagnées par la Région. Quatre résidences (venant pallier l’absence ou la faiblesse d’ingénierie technique des communes) ont eu lieu à Clermont de l’Oise, Tergnier, Péronne et Audruicq dans le Pas-de-Calais. Cet appel à projets, qui prendra fin cette année, sera sans doute renouvelé en 2023 au regard des besoins », explique Stéphane Humbert, responsable de l’observation et de la prospective.