Parcs urbains de demain - Etre à l'écoute des habitants 5/5
Donner la parole aux habitants, construire avec eux un projet partagé… La démocratie participative est aussi de la partie lors de la création d’un nouveau parc urbain. Zoom sur un cas concret à Dunkerque.
Il était une fois, au beau milieu d’un centre-ville, un joli jardin public aux accès confidentiels… A Dunkerque, l’histoire a commencé comme ça. Jusqu’à ce que la municipalité décide de réveiller l’endormi, à la faveur d’un projet de médiathèque, occasion rêvée pour repenser entièrement un espace public mal fagoté rassemblant déjà une école et la Poste centrale, à deux pas du théâtre et de l’université.
C’est à l’agence d’urbanisme de Dunkerque (AGUR) qu’a été confiée la mission de construire, avec les habitants, le programme du futur parc entourant la médiathèque. Deux paysagistes et une sociologue se sont alors attelés à la tâche.
Les écoliers n'ont pas été oubliés
Tout a démarré par une réunion classique à laquelle étaient conviés les riverains. Quelques semaines plus tard, une visite de terrain a permis d’émettre une première ébauche de diagnostic sur la composition physique du quartier et de demander aux habitants ce qui leur plaisaient – ou pas – dans l’actuel jardin.
Le tour de table a été élargi : des salariés de la Poste et du théâtre ont été auditionnés, tout comme les parents d’élèves des écoliers du secteur. Des élèves de maternelle ont aussi été invités à réfléchir sur le futur parc et notamment sur les jeux qui leur seraient destinés.
« Puis, nous avons voulu formaliser ensemble, par des schémas, quelques grands principes d’organisation du futur parc rassemblant l’approbation de tous, explique Vincent Charruau, paysagiste à l’AGUR. Comme le principe de rendre beaucoup plus visible le parc pour les passants grâce à une entrée principale et un parvis, l’idée d’aménager un coin animé et un coin calme, la volonté de permettre aux piétons de couper par le jardin pour raccourcir leur trajet dans le quartier… »
Cahier des envies
Au cours d’une réunion suivante, des images – végétation, ambiance, mobilier, jeux, signalétique – ont été soumises aux habitants afin de cerner au plus près leurs envies.
Au terme de six mois de rencontres et d’échanges, le « cahier des envies » des habitants était né. Il sera remis au bureau d’études désigné pour élaborer le schéma global du futur parc.
Une fois de plus, la transparence a été de mise sur ce point : « Nous avons expliqué aux habitants que toutes leurs idées ne seraient pas reprises et que ces professionnels retravailleraient sans doute le projet en faisant d’autres propositions dans les mois qui viennent, peut-être encore meilleures », indique Sébastien Lebel, paysagiste à l'AGUR.
Adieu platanes ?
Certaines espèces végétales sont à la mode dans les nouveaux parcs urbains. D’autres, plus du tout. Les plantes à baies toxiques si tentantes pour les jeunes enfants sont ainsi soigneusement évitées au nom du principe de précaution. Mais la principale évolution concerne les végétaux à fort potentiel allergisant, utilisée avec la plus grande parcimonie.
En France, entre 10 et 20% de la population serait allergique au pollen. Un problème principalement urbain : l’organisme des personnes vivant en ville est davantage sensibilisé dans un contexte de pollution. La pollution exerce aussi un effet sur les plantes qui, stressées, pollinisent plus.
Pour les jardiniers-paysagistes, l’enjeu n’est pas de totalement cesser de planter des espèces allergisantes mais d’éviter qu’elles se retrouvent en quantité importante à un endroit donné ou même à l’échelle de la ville. L’instauration d’une diversité dans les aménagements paysagers permet en effet de diminuer la concentration de pollens d’une même espèce dans l’air.
Quelles sont les espèces allergisantes ?
A fort potentiel allergisant.- Le bouleau, le noisetier, le cyprès, le platane, le chêne…
A potentiel allergisant moyen.- L’aulne, le charme, le frêne, le troène, l’olivier...
A potentiel allergisant faible.- L’érable, le châtaignier, le hêtre, le noyer, le charme houblon, le peuplier, le saule, le thuya, le tilleul, l’orme…
Pour en savoir plus, consultez le Guide de la végétation en ville édité par le Réseau national de surveillance aérobiologique.