Ostende : la qualité urbaine contre le risque d'inondation
Le contraste est saisissant. Pour quiconque s'est rendu à Ostende avant 2011, longer ce bord de mer belge constitue une redécouverte. Non loin du port, la plage de sable s'est élargie. La mer semble avoir reculé. Deux nouvelles jetées piétonnes sont apparues de part et d’autres du port. Dans le cadre d’importants travaux de lutte contre les risques de submersion marine, la Ville d'Ostende a su s'embellir, s'animer et gagner en qualité urbaine.
« Nous avons voulu transformer le problème en opportunité », résume Karel Vanackere, le directeur de l’agence autonome de la Ville d’Ostende en charge des questions d’urbanisme. « Une nouvelle entrée de port a vu le jour – cela tombait bien, l’ancienne était difficile d’accès pour les bateaux. Et pour protéger la ville, nous avons recréé une plage de sable ainsi qu’un nouvel espace public en front de mer ».
1,6 million de m3 de sable et deux jetées piétonnes
« Avant les travaux, il suffisait de traverser la digue pour aller nager. Désormais, il faut faire 300 mètres sur le sable pour atteindre l’eau ! » Pour parvenir à ce résultat, quelque 1 600 000 m3 de sable ont été apportés. Mais cela n’a pas suffi. « Nous avons aussi dû construire deux nouvelles jetées, à la demande de la Région flamande. Nous avons aussi transformé, à nos frais, le projet initial pour faire de ces ouvrages des promenades piétonnes accessibles aux personnes handicapées, aujourd’hui très prisées des visiteurs et des habitants.
Banc anti-vent sur la Zeehelden-Plein
Une grande et haute place piétonne a été créée : la Zeehelden-Plein. Et le moins que l'on puisse dire, c’est qu’elle attire tous les regards. Avec ses onze plots métalliques rouge vif – une œuvre d’art contemporaine signée Arne Quinze payée 400 000 euros par la Ville –, impossible de la manquer. Juste à côté, un banc long de plusieurs mètres sait aussi faire la différence : il protège les badauds du vent grâce à la haute paroi vitrée à laquelle il est adossé.
Trois murets de protection
Kristof Billiet, directeur du domaine public de la ville d'Ostende, décrypte comment la Zeehelden-Plein assure une protection efficace contre le risque de submersion marine : « La place comporte trois barrières de protection. Ces barrières se matérialisent sous la forme de murets successifs parfaitement intégrés à l’aménagement urbain ». En bord de digue, le premier muret casse la force des vagues. Quelques mètres plus loin, le deuxième – en escalier – bloque l’eau. A l'extrémité de la place, le troisième muret fait office de dernier rempart.
Nouveau parking sous la digue
Avant travaux, cette partie de la digue n’était pas encore piétonne. « Depuis, l’intégralité de notre digue l’est devenue, indique encore Kristof Billiet. Au début, ça a été très difficile avec les commerçants. Mais aujourd’hui, le climat est apaisé puisque la place génère un fort passage. Nous sommes sur le point d’ouvrir un parking souterrain de 700 places et de deux étages construit sous la digue, juste après la Zeehelden-Plein. Notre but est d’enlever un maximum de voitures de la surface pour les mettre sous terre. »
Des animations toute l’année
L’autre grand point fort de la Zeehelden-Plein réside dans son animation. Tout a été pensé en amont autour de cette question : le raccordement à l’égout, les prises aux sols, les arrivées d’eau… Les événements musicaux, culinaires, festifs se succèdent toute l’année. De quoi contribuer à renforcer l’attractivité résidentielle et touristique d’Ostende qui chaque été voit sa population quasi tripler, passant de 76 000 à 200 000 habitants.
Risques d'inondation : l'Etat belge à la manœuvre
La Région flamande a pris à bras le corps le problème de la submersion marine au début des années 2000. « De nombreuses zones du littoral flamand avaient été identifiées comme fragiles au regard du risque d’inondation », explique Karel Vanackere, le directeur de l’agence autonome de la Ville d’Ostende. Un plan de mesures drastiques a alors été élaboré, consistant principalement à apporter des millions de m3 de sable, à bâtir des murs de protection en béton ou surélever les digues existantes. Environ 85 000 m3 de sable ont été apportés à De Panne, 250 000 m3 à Koksijde, 1 700 000 m3 à Middelkerke, 3 320 000 m3 à Knokke… A Nieuwpoort, des murs ont été bâtis pour sécuriser la zone portuaire. A De Haan - Wenduine, une nouvelle digue de mer a été construite, plus large de 15 mètres et dotée de deux murets de 60 cm – le premier pour casser les vagues et le second pour bloquer l’eau.