Mulhouse : six ans pour tout changer 1/2
Tandis que Dunkerque lance son plan Phoenix, le centre-ville Mulhouse achève sa mue… Une source d’inspiration possible ?
« On ne cesse de me le répéter », rapporte Nathalie Aubé, chargée du volet urbanisme du projet Mulhouse grand centre lancé en 2011 : « Mulhouse a changé ». Des signes tangibles viennent aussi confirmer la santé commerciale recouvrée de la ville. Sur les artères commerçantes réaménagées, au milieu des façades fraichement repeintes, de nouvelles enseignes s’installent régulièrement (Hema, Sandro, H et M Home, Max Mara, Liu Jo, Mango homme…) et les clients, qui avaient perdu l’habitude de flâner dans le centre-ville, reviennent.
Cette transformation résulte d’une volonté politique forte – celle de Jean Rottner, devenu maire en 2010 – et d’une stratégie ciblée tant en matière d’urbanisme, de logement, d’animation que de développement commercial.
Les 3 axes de Mulhouse grand centre 2011-2016
Rénover les façades du centre-ville.-
Durant deux ans, les particuliers ont été fortement incités à rénover leurs façades : en 2012, 40 % du montant des travaux entrepris étaient subventionnés par la ville (plafond de 10 000 euros par adresse) ; en 2013, cette aide chutait à 25% du montant.
Des logements haut de gamme ont aussi été construits dans le centre-ville dans le but d’attirer de nouveaux habitants. Deux opérations ont été impulsées par la municipalité : un programme de 30 lofts aménagés dans un ancien garage est en cours de finalisation ; 12 appartements ont été aménagés dans les étages de la maison Engelmann, une friche totalement réhabilitée.
Apporter de la qualité urbaine aux espaces publics.-
Deux places qui servaient de parkings ont été rendues aux piétons et 2 km de rues ont été réaménagées. Une partie des trottoirs ont été dallés, abaissés et élargis. La ville a fait une plus grande place au végétal (61 arbres et 750 m² de plantation). Pour donner une cohérence d’ensemble, 38 bancs, 114 luminaires et 19 conteneurs à ordures enterrés ont été achetés.
En plus de ces aménagements visant à apporter de la qualité, du confort et une certaine esthétique au centre-ville, certains éléments – comme ce banc de 25 mètres de long dessiné par un designer – ont été pensés « pour donner du plaisir aux visiteurs, leur faire vivre une expérience », indique Frédéric Marquet, manager du commerce à Mulhouse. Si la phase travaux n’est pas encore totalement terminée, le gros du chantier a été mené de début 2011 à fin 2014, soit durant quatre années, « un temps très court pour ce genre de projet », insiste Nathalie Aubé.
Un nouveau plan de circulation et de stationnement.-
Des places de stationnement ont été supprimées, mais globalement, Mulhouse n’a pas cherché à chasser la voiture de son centre-ville. « Nous ne sommes pas Strasbourg, nous sommes Mulhouse », rappelle Frédéric Marquet. Une bonne partie du centre historique étant de longue date piétonnier, « le nouveau plan de circulation a surtout consisté à rendre plus visible la traversée du centre-ville », explique Nathalie Aubé.
Une offre de stationnement plus lisible et attractive a été mise en place : 70 places en rotation (30 minutes gratuites puis départ obligé) ont été créées. Des tarifs attractifs - 2 euros les quatre heures – ont été instaurés dans les parkings. « Et le paiement par SMS a apporté beaucoup de confort aux clients », estime Frédéric Marquet.
En parallèle, la municipalité a impulsé une nouvelle politique d’animation avec les commerçants.
Au total, 30 millions d’euros auront été investis par la Ville dans le projet Mulhouse Grand Centre d’ici à 2016, date de fin prévue du projet.
Points noirs
Oui, Mulhouse a indéniablement changé. Mais le bilan de Mulhouse grand centre comporte aussi quelques points noirs. L’abaissement des trottoirs a par exemple engendré une forte recrudescence du stationnement sauvage. Des problèmes de stationnement subsistent pour les résidents. Et il est toujours difficile de faire comprendre aux commerçants qu’il n’y a pas d’intérêt pour eux à se garer près de leur commerce…
Mulhouse en bref : 112 000 habitants ; 26% de moins de 20 ans ; 12e ville la plus pauvre de France ; des villes environnantes à fort pouvoir d’achat (Bâle, Strasbourg…)