Marche urbaine : le retour
Les piétons seraient-ils au fondement de l’urbanité ? Clients des commerces de proximité, ils font vivre et animent les quartiers. Véritables « yeux de la ville », ils contribuent à sécuriser les rues. Mieux que quiconque, ils semblent à même de déceler les obstacles urbains qui se dressent sur leur parcours.
La marche à pied revêt de nombreux intérêts : écologique, économique, de santé publique, de convivialité... Ce n’est pas un hasard si, depuis quelques temps, diverses municipalités et mouvements citoyens renouent avec la marche urbaine dans le but de faire évoluer la ville.
À Dunkerque, et plus spécifiquement dans le quartier de Rosendaël, des balades urbaines sont mises en place dans le cadre des Fabriques d’initiatives locales (FIL), un nouvel outil de démocratie participative. Ces marches organisées sur le thème de la mobilité permettent aux habitants de poser un regard neuf sur leur quartier. À travers ces diagnostics en marchant, ce sont les espaces publics et les rues que l’on souhaite repenser.
Strasbourg, ville la plus cycliste de France, a adopté un plan piéton ambitieux. Dix actions ont été retenues, parmi lesquelles la création d’un « réseau piétonnier magistral » reliant les centralités de quartiers ou la généralisation du pédibus – cet autobus pédestre faisant office de mode de ramassage scolaire. Dans cette démarche strasbourgeoise, la marche à pied, en permettant de décongestionner les transports en commun, est considérée comme l’un des maillons essentiels de la mobilité.
En Île-de-France, l’association « Le Voyage métropolitain » propose des explorations pédestres collectives le temps d’une journée ou d’un week-end. Les participants sont invités à marcher une vingtaine de kilomètres pour découvrir des lieux plus ou moins inconnus.
Au cours de ces marches, le fonctionnement et la complexité d’une ville saute aux yeux. On repère à la fois les moindres défauts et les qualités insoupçonnées d’un territoire. Pour Jens Denissen, co-fondateur de l’association, « l’idée est de dépasser la notion de diagnostic, d’affirmer que la marche est en elle-même une forme d’action créatrice de nouvelles représentations, de nouvelles sociabilités et de nouvelles formes d’habiter un territoire ».
Mieux qu’un constat, la marche serait donc en passe de devenir un outil d’aménagement à part entière…