Les villes en route vers l'autonomie alimentaire
Grignoter des terres agricoles pour se développer, c’est ce qu’ont fait la plupart des aires urbaines depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans ce contexte, la question de l’autosuffisance alimentaire des villes pourrait faire figure de vœu pieu… Zoom sur Albi et Rennes qui ont choisi de relever le défi.
Deux villes – aux profils diamétralement opposés – font aujourd’hui le pari de l’autosuffisance alimentaire. D’un côté, Albi et ses 50 000 habitants. La cité épiscopale est relativement épargnée par le déclin démographique que peuvent connaître les villes moyennes en France. Toutefois, Albi est marquée par la périurbanisation et par une certaine dévitalisation commerciale, notamment due à la prolifération de centres commerciaux à sa périphérie.
Pour impulser une nouvelle dynamique, la municipalité vise l’autonomie alimentaire à l’horizon 2020. L’objectif est de nourrir les habitants avec des denrées produites dans un rayon de 60 kilomètres. Pour y parvenir, la mairie a préempté des terrains sur une friche de 73 hectares pour permettre l’installation de néo-maraichers. Ces derniers louent des parcelles à un prix modique (70 euros l’hectare à l’année) et se doivent de cultiver en circuits-courts et en bio.
L'objectif "ville cultivée" de Rennes
D’un autre côté, Rennes et ses 210 000 habitants. A l’instar des autres métropoles régionales, la ville connaît attractivité économique et dynamisme démographique. Le territoire est relativement épargné par la crise urbaine avec des taux de vacance commerciale et résidentielle faibles. Comme la plupart des espaces métropolitains, Rennes a été confrontée à des problématiques différentes avec le renchérissement du coût du foncier et la disparition progressive des terres agricoles.
La ville, déjà engagée dans le développement des jardins familiaux et partagés, souhaite aller plus loin avec l’objectif d’une « ville cultivée ». Pour tendre vers l’objectif de résilience alimentaire, la municipalité travaille avec l’association des Incroyables Comestibles et des porteurs de projets en agroécologie.
Des initiatives qui suscitent l'enthousiasme
Si ces initiatives enthousiasment une partie des citadins, c’est sans doute parce qu’elles redonnent du sens au développement territorial et permettent de sortir d’une opposition frontale entre milieux urbains et milieux naturels.
Elles opèrent par ailleurs une remise en cause de deux modèles de développement à bout de souffle :
- Une remise en question du modèle urbain marqué, depuis plus de 60 ans, par le zonage et le mitage du territoire ;
- Une remise en question du modèle agricole intensif marqué par une spécialisation des territoires dans la mono-culture.
Pour qu’un modèle économique viable émerge, gageons que ces initiatives prennent de l’ampleur et permettent la création de mesures incitatives.