L'avenir des gares [1/5]
C’est l’une des tendances fortes du moment : longtemps délaissées, les gares et leurs quartiers redeviennent des objets de désir. De grands projets urbains s’y développent dans le but de renforcer l'attractivité des métropoles. Urbislemag consacre une série d’articles à cette évolution. Episode 1 : le train ne serait plus le seul avenir des gares…
De moins en moins ferroviaires, de plus en plus stations de bus, de métro, de tramway, de vélo en libre-service ou de covoiturage, les gares sont sommées de se transformer en de très efficaces pôles d’échanges multimodaux permettant de passer d’un mode de transport à l’autre sans perte de temps.
On voit ainsi émerger de nombreux projets de « grandes gares » dans les agglomérations : de véritables quartiers centralisant l’ensemble de l’offre de mobilité.
Pour tous les modes de transport
L’arrêt des trains continue d’être un service structurant et hautement attractif pour une gare, mais cette seule fonction ne suffit plus. Les acteurs privés souhaitant par exemple développer ces prochaines années des lignes de cars (lire l'encadré plus bas) pointent la limite que constitue l’absence de véritables gares routières en France.
L’avenir des gares semble donc s'incarner dans un lieu privilégié de croisement de tous les modes de transport. Deux projets – le premier à Rennes, le second à Toulouse – illustrent bien cette tendance de fond.
EuroRennes
EuroRennes est un projet urbain de grande ampleur qui consiste à faire de la gare et de ses alentours (58 ha situés à deux pas du centre historique de Rennes) un pôle tertiaire, un véritable quartier, une extension du centre-ville vers le sud et aussi, un pôle d’échanges multimodal de premier ordre.
Le chantier qui permettra à l’horizon 2019 de faire passer les deux lignes de métro de l’agglomération sous la gare est d’ores-et-déjà lancé.
Afin de réduire la coupure générée par la voie ferrée, un « paysage construit » reliera les parvis Nord et Sud, chacun étant spécialisés pour l’accueil de modes de transport spécifiques : l’accès des transports en commun, des taxis, des vélos et des piétons au Nord ; l’accès pour les voitures au Sud.
Rendez-vous sur le site d’EuroRennes pour en savoir plus.
EuroSudOuest
D’ici à 2024, l’agglomération toulousaine veut profiter de l’arrivée de la grande vitesse ferroviaire pour faire de sa gare et du quartier Toulouse-Matabiau sa nouvelle « carte de visite », à la fois nœud de mobilité et quartier d’affaires.
Les premières réflexions urbaines sur le sujet prennent le parti d’enterrer la circulation automobile (grâce à la création d’un tunnel) pour libérer de l’espace à la surface au bénéfice des transports en commun. La gare sera agrandie par la création d‘un nouveau bâtiment voyageur, et ses accès multipliés : quatre parvis seront aménagés, permettant à la gare de s’ouvrir sur de nombreux quartiers.
La vocation de quartier d’affaires se traduira par la création d‘immeubles de bureaux de grande hauteur. Des commerces, équipements et logements sont également prévus.
Rendez-vous sur le site d’EuroSudOuest pour en savoir plus.
Transport ferroviaire : entre incertitudes et mutations
La prise de conscience environnementale a remis au goût du jour les transports en commun, moins polluants que la voiture individuelle.
Si un retour en force du train pouvait sembler acquis, les récentes lois sur l’économie – qui permettent la création par des opérateurs privés de lignes de cars reliant les principales agglomérations françaises – interrogent sur l’avenir du train. Moins chers pour l’usager, moins chers pour les transporteurs, les cars seront-ils « les corbillards des trains » ? Les trains express régionaux (TER) sont-ils appelés à disparaître au profit des lignes de cars ? Le train se recentrera-t-il sur l’offre à grande vitesse, avec un TGV tourné vers une clientèle plutôt aisée et professionnelle ?
Ces incertitudes sur le secteur vont probablement se renforcer avec l’ouverture effective à la concurrence en 2019. L’arrivée de nouveaux transporteurs ferroviaires créera-t-elle un dynamisme, ou le jeu de la concurrence va-t-il favoriser les trajets les plus rentables, engendrant le déclin de la desserte des villes moyennes ? Le monde ferroviaire est aujourd’hui confronté à de nombreuses incertitudes qui laissent présager de profondes mutations…