Eolien en mer : comment ça marche ? 3/3
Comment fonctionne une éolienne en mer ? En quoi consistent les accords passés avec les pêcheurs ? Pourquoi l'Etat français mise-t-il autant sur l'éolien off-shore ? Le dernier volet de notre série d'articles répond à toutes ces questions.
Une éolienne offshore est située à plus de 10 km des côtes, de manière à éviter toute interférence avec les activités nautiques et de loisirs du bord de mer. Elle fonctionne de la même manière qu'une éolienne terrestre : elle capte l’énergie du vent pour créer de l’électricité, par le biais d’une turbine et d’un transformateur. L’électricité est ensuite reversée au réseau par des câbles sous-marins.
Au fil des années, les éoliennes off-shore se sont perfectionnées pour atteindre des diamètres et des tailles imposantes (176 mètres au-dessus de la mer pour Haliade, l’éolienne française d’Alstom ; 220 mètres pour la V164 de Vestas !). Leurs pâles se sont aussi élargies pour générer des productions d’électricité de plus en plus probantes.
En mer, des vents plus forts et constants
Plus chère à produire et à installer, une éolienne en mer est aussi deux à trois fois plus puissante qu’une éolienne terrestre. En mer, le vent souffle plus fort et surtout, de manière plus constante, ce qui permet un bien meilleur rendement que sur terre.
Deuxième intérêt et non des moindres, l’énergie éolienne ne rejette aucun gaz carbonique. Il s’agit donc d’une énergie écologique. Ajoutons que les éoliennes en mer sont généralement moins sujettes à polémique que les terrestres. Les pêcheurs sont les principaux acteurs économiques à contester leur installation. Dans la plupart des cas, des terrains d’ententes sont cependant trouvés.
Coquilles Saint-Jacques
Après de longues négociations, dans la baie de Saint-Brieuc, les propriétaires des 250 bateaux de pêche spécialisés dans la coquille Saint-Jacques ont finalement trouvé un accord avec Ailes marines, le consortium ayant remporté l’appel d’offre de l’Etat pour installer un parc éolien off-shore.
Des garanties ont été données pour préserver les fonds marins, retenir des solutions techniques de moindre impact et soutenir des projets de pêche durable (réensemencement de naissains de coquilles ou encore récolte de crépidules, une espèce invasive). Des dédommagements importants ont été négociés : 13 000 euros par mégawatt installé seront ainsi versés aux collectivités et aux associations de pêcheurs – le futur parc éolien en mer de Saint-Brieuc affichant une puissance totale de 500 MW.
Ailleurs en Europe
Une dizaine de pays européens ont installé ou travaillent actuellement sur des parcs d’éoliennes en mer. Nos voisins belges, hollandais et anglais ne sont pas en reste, comme l’atteste cette carte.
Objectif 6 000 mégawatts
Face à la raréfaction des énergies fossiles et à l’augmentation annoncée du prix du pétrole, la France doit diversifier ses sources d’énergie en se tournant vers des solutions écologiques. L’éolien offshore fait partie des solutions sur lesquelles l’Etat mise gros. Elaboré lors du Grenelle de l’environnement en 2009, le plan de développement des énergies renouvelables prévoit de doter le pays d’une puissance de 6 000 mégawatts (MW) en énergie marine.
Les six projets déjà retenus par l’Etat en 2011 et 2013 – actuellement en phase d’étude ou de lancement – totaliseront environ 3 000 MW à l’horizon 2020. Ils devraient produire 9,2 TWh, soit plus qu’un réacteur nucléaire de 1 100 MW (qui produit entre 7 et 8 TWh). Lorsque la totalité des 6 000 MW seront construits, l’éolien offshore devrait donc représenter 3,4 % de la production électrique nationale, soit plus que la production actuelle de l’éolien sur terre, qui représentait 2,9 % de la production électrique en 2013.
Deux vidéos :
Celle d'Areva détaille le fonctionnement de l'éolienne M5000.
Celle d'Alstom retrace l'installation test de l'éolienne Haliade en mer du Nord en 2014.