Economie résidentielle : un gisement d'emplois à ne pas négliger
Brainstorming géant visant à encourager la création d'emplois à l’échelle de la communauté urbaine de Dunkerque, les Etats généraux de l’emploi local ont franchi une étape décisive le 23 avril dernier. Patrice Vergriete, président de la CUD, a tracé les grandes lignes de la feuille de route économique du territoire. Parmi la vingtaine d'annonces phares faites ce jour-là, plusieurs concernaient un pan peu connu et pourtant essentiel du développement des territoires : l'économie résidentielle.
L'attractivité, clef du développement économique
Le terme "économie résidentielle" a été inventé par le chercheur Laurent Davezies. Selon ce spécialiste reconnu du développement territorial, « il ne suffit pas d'attirer des entreprises sur un territoire pour faire baisser son taux de chômage et voir croître les revenus de ses habitants ».
La clef du développement réside aussi « dans la capacité d'un territoire à capter tous les types de revenus » – ceux de retraités, de touristes ou de nouveaux habitants – et surtout « à faire en sorte que ces revenus soient bien consommés sur le territoire » – dans les commerces, les PME locales, les services à la personne etc.
38% des revenus du Dunkerquois relèvent de l'économie résidentielle
Oui mais voilà : seulement 38% des revenus du Dunkerquois sont issus de l’économie résidentielle, contre 53% en moyenne nationale. Ce qui conduit à une vraie perte en termes d’emplois pour notre territoire. Quels sont les leviers pour corriger cela ?
Tourisme
Tout d'abord, développer l’activité touristique. C'est la première proposition formulée par le président de la CUD : « Nous disposons d'un potentiel extraordinaire mais insuffisamment exploité : nos stations balnéaires à l'est comme à l'ouest manquent d'attractivité. Notre histoire et notre mémoire locale ne sont pas encore pleinement mises en valeur. Nous allons corriger cela. Une phase de redynamisation des stations balnéaires sera entreprise à travers une profonde rénovation urbaine et en définissant une nouvelle stratégie d'animation. Un grand festival d'été sera notamment créé pour rayonner sur le plan régional. »
Image
Parce qu'elle est intimement liée à l'attractivité, l’économie résidentielle est extrêmement sensible à l’image. En résumé, les clichés négatifs qui collent à la peau du Dunkerquois lui coûtent cher !
Une politique de marketing territorial fondée sur la réalité locale sera désormais portée. A ce titre, la démarche menée actuellement dans les communes autour du Louvre-Lens a été citée. Comme là-bas, des experts du design pourraient prodiguer ici un accompagnement sur mesure aux acteurs du tourisme privés. Cet accompagnement pourrait consister à décorer des chambres d’hôtels, à repenser la carte d’un restaurant, à créer un produit qui soit un succès auprès des touristes…
Services à la personne
La croissance de l’économie résidentielle, c’est aussi le développement des services à la personne. Tout emploi créé par ce biais revient à un habitant du territoire. L’effet levier pour l’emploi local est donc maximal. Alors, comment inciter ceux qui le peuvent à engager une personne pour travailler à leur domicile ?
La CUD va expérimenter une initiative pour le moins originale : chaque habitant de l’agglomération fêtant son 70ème anniversaire en 2016 se verra offrir 5 heures de travail à domicile. En ciblant les personnes âgées, la mesure veut vaincre les réticences de cette tranche de population à ouvrir sa porte à un inconnu pour effectuer des travaux de ménage et de jardinage fort utiles à cette période de la vie. L'objectif est de générer une nouvelle habitude chez les seniors qui en ont les moyens financiers.
Circuits courts
L’effet levier sur l’emploi local est également très élevé pour ce qu’on appelle les circuits courts, c’est-à-dire le développement des pratiques d’achat direct aux producteurs locaux.
Une plate-forme de ventes des produits issus de l’agriculture locale, intégrant un atelier de transformation, sera mise en place pour alimenter les restaurations collectives publiques, les restaurants privés ou les petits magasins qui souhaiteraient défendre un label local.
Commerce et artisanat
Dans le champ de l'économie résidentielle, le commerce et l'artisanat constituent aussi des enjeux très forts. C'est pourquoi le projet de redynamisation du centre d'agglomération, baptisé projet Phoenix, a été pensé dans le but d'animer, d'attirer de nouvelles enseignes, de faciliter le stationnement, de répondre au besoin de sécurité et de créer de la qualité urbaine synonyme de plaisir dans le centre-ville de Dunkerque. La création d'un village de l'artisanat a aussi été annoncée par Patrice Vergriete, une étude est en cours.
Bâtiment et travaux publics
Dans le secteur du BTP, des actions ont été mises en place voilà quelques mois : le plan de rénovation des rues et trottoirs, qui va se poursuivre jusqu'en 2017, contribue déjà à donner du travail aux entreprises de travaux publics.
Le dispositif Reflex Energie (aide aux particuliers souhaitant réaliser des travaux d'isolation dans leur logement) a été renforcé en octobre 2014 tandis qu'un dispositif Reflex adaptation était créé pour inciter les habitants à adapter leur logement au vieillissement ou au handicap... Prochainement, une étude sera menée dans le but d'élargir aux travaux acoustiques le dispositif Reflex énergie.
L’agence d’urbanisme de Dunkerque est partie prenante dans l’organisation des Etats généraux de l’emploi local. Elle a fourni de nombreux éléments de diagnostic permettant aux groupes de travail d’appréhender la réalité du marché de l’emploi local et ses perspectives d’avenir. Ces éléments de diagnostic ont été regroupés au sein d’un document intitulé « Repères stratégiques pour les Etats généraux de l’emploi ». Il est disponible gratuitement à l’AGUR mais aussi en ligne.
Les Etats généraux de l’emploi local (EGEL) constituent une démarche atypique et innovante lancée par la Communauté urbaine de Dunkerque, voilà huit mois. Rendez-vous sur le site des EGEL pour en savoir plus.
Sur le même sujet, un reportage de Delta FM et un article de La Voix du Nord.