Dunkerque, terre de multinationales

Mondialisation
Lundi 22 juin 2015




La principale motivation des firmes qui s’implantent à l’étranger est l’accès à de nouveaux marchés. En tant que site industriel et portuaire positionné à la porte de l’Europe du nord et faisant face au détroit le plus fréquenté au monde, le Dunkerquois est naturellement partie prenante de ce que les spécialistes appellent les « chaînes d’activité mondiales ». En d’autres termes, le territoire constitue un terrain favorable à l’implantation d’établissements inscrits dans les réseaux productifs mondiaux des multinationales, groupes ayant au moins une filiale à l'étranger.

Ces multinationales jouent un rôle économique majeur. En France, plus de la moitié de la valeur ajoutée et près de 60% du capital matériel dépendent de firmes multinationales. Dans le Dunkerquois, elles occupent une place particulière, qui s’est fortement consolidée ces trente dernières années en lien avec deux phénomènes distincts :

  • L’internationalisation d’entreprises initialement françaises, passées sous contrôle étranger (à l’instar d’Arcelor ou de Péchiney) avec, dans la plupart des cas, un élargissement du périmètre du groupe industriel
  • L’implantation de filiales de groupes étrangers, favorisée dans un premier temps par la libéralisation des investissements directs étrangers en 1984 et surtout par la défiscalisation dans le cadre de la Zone d’entreprise créée de 1987 à 1992.

Afin d’aborder de façon simple ce sujet très complexe, nous proposons ici de nous limiter à la question de la dépendance du tissu productif. Celle-ci mesure la part d’emplois présents dans une zone donnée qui sont contrôlés par des centres de décision extérieurs à cette même zone.

Plusieurs donneurs d'ordre sont des filiales de groupes étrangers

L'industrie est particulièrement concernée

Une part importante des emplois salariés du Dunkerquois

Le taux d'autonomie le plus faible de la région

Le taux d'autonomie représente la part des effectifs salariés de l'industrie travaillant dans une entreprise dont le centre de décision est localisé dans la zone d'emploi.

Quelles conséquences ?

Ces chiffres témoignent de l’attractivité du territoire pour les investissements industriels. Ils traduisent également une plus forte sensibilité du tissu productif aux évolutions de la conjoncture économique internationale.

De part cette forte dépendance, le Dunkerquois est, plus que d’autres territoires, confronté aux risques de délocalisation de fonctions productives ou de restructurations. Une partie importante du tissu économique local est soumise à des décisions pouvant relever de logiques financières échappant aux commandements locaux.

Cette situation génère d'autres conséquences :

  • Changement de concurrence : on passe de la concurrence entre entreprises à une concurrence intra-entreprise entre des établissements d’un même groupe, implantés dans différents sites à l’échelle internationale.
  • Changement d’échelle : la compétitivité du Dunkerquois s’inscrit à une échelle concurrentielle mondiale.
  • Réduction de la marge de manœuvre des acteurs industriels : leurs options stratégiques sont très dépendantes de centres de décisions extérieurs.

4 choses à retenir :

  1. La dépendance du tissu productif mesure la part d’emplois présents dans une zone donnée qui sont contrôlés par des centres de décision extérieurs à cette même zone.
  2. 37,9% des emplois salariés sont dans les établissements contrôlés par des groupes étrangers
  3. L’industrie est particulièrement concernée puisque, dans ce secteur, 44,7% des effectifs salariés travaillent dans un établissement contrôlé par un groupe étranger.
  4. Ces chiffres témoignent de l’attractivité du territoire pour les investissements industriels et d’une plus forte sensibilité du tissu productif aux évolutions de la conjoncture économique internationale et aux logiques financières échappant aux commandements locaux.

 

 

Contact AGUR sur le sujet : Jean-François Vereecke - jf.vereecke@agur-dunkerque.org



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