Bright Mirror ou l’écriture collective d’un futur optimiste
Mardi soir, j’ai testé pour vous une soirée Bright Mirror. Les fans de la série d’anticipation "Black Mirror" auront immédiatement percuté : il s’agit d’imaginer une vision positive du futur qui nous attend.
RDV est pris à 19h, au 8ème étage d’un espace de coworking parisien. Une cinquantaine de personnes d’âges variés a répondu à l’invitation de BlueNove, l'organisateur de l’événement. Originalité de la soirée : elle se déroule au même moment dans quatre autres villes de France, Annemasse, Agen, Mâcon et Nantes. Une soixantaine de personnes (que nous ne verrons jamais) va donc se livrer, exactement en même temps que nous, à l’exercice du Bright mirror.
Nous prenons place autour des petites tables disposées un peu partout dans la pièce.
19h15
Antoine Brachet, directeur de l’intelligence collective chez BlueNove, prend la parole pour expliquer les règles du jeu. Pour écrire, idéalement à 3 ou 4 personnes, un scénario sur le futur, trois ingrédients sont nécessaires : « Le premier, c’est l’imagination ; le 2ème, l’optimisme ; et le 3ème, c’est vous, car vous avez tous les ressources nécessaires pour écrire des choses magnifiques. »
Antoine Brachet l’a constaté lors des Bright Mirror précédents : à chaque fois, des pépites d’inventivité, d’humour ou d’émotion voient le jour en un temps extrêmement court.
Mangerons-nous des fruits exotiques en 2050?
Le thème de la soirée étant la transition écologique, deux experts du sujet – Cécile des Abbayes, consultante en économie circulaire, et Aymeric Schultz, consultant en développement durable – se succèdent pour résumer l’état de santé écologique de la planète. Ils lancent également des pistes de réflexion : « Mangerons-nous encore des fruits exotiques en 2050 ? Aurons-nous des voitures ? Nos enfants prendront-ils encore l’avion pour passer leurs vacances dans des destinations lointaines ? »…
Puis c’est au tour de Norbert Merjagnan, auteur de science-fiction, de livrer des conseils concrets pour « se lâcher dans les idées » : écrire un dialogue plutôt qu’un récit permet d’entrer dans le vif du sujet, donner la parole à un personnage qui raconte son enfance en 2030 est souvent plus facile que d’imaginer la vie en 2030…
19h45
« 25 septembre 2030, je regarde dehors et, bonne surprise… »
C’est parti : nous avons moins d’une heure pour écrire la suite de cette phrase. Les écrans des ordinateurs portables s’illuminent. J’en profite pour engager la discussion avec mon voisin. Pierre me glisse en être à son troisième Bright Mirror : « J’en ai déjà fait un sur l’éducation et un autre sur la ville ». Le jeune urbaniste apprécie à la fois l’exercice (il a participé à des ateliers d’écriture lorsqu’il était étudiant) et les sujets proposés.
La salle bourdonne déjà d’idées. C’est extrêmement impressionnant. Des gens qui ne se connaissent pas sont en train d’échanger, de se projeter et d'écrire ensemble un scénario. A la table d’à-côté, la discussion semble animée. Une bribe de conversation parvient jusqu’à moi : « Ils cultivent des avocats en secret ».
Le temps file à toute vitesse. Norbert Merjagnan passe de table en table pour déjouer d’éventuels blocages liés à l’écriture. Il a remarqué un point commun à toutes les histoires qu’il a lues : « Il s’agit de mondes futurs où l’on retrouve un rapport au vivant, à la nature ».
20h45
Nous sommes priés de terminer fissa afin de mettre nos scénarios sur la plate-forme destinée à rassembler les textes écrits ce soir dans les cinq villes participantes.
Deux acteurs interprètent quelques-uns des textes qu’ils ont sélectionnés. Chaque lecture est chaleureusement applaudie. A juste titre : les scénarios débordent d’inventivité.
Zoom sur...
L’inventeur du Bright mirror, c’est lui, Antoine Brachet, directeur de l’intelligence collective chez Bluenove. Avec un débit de paroles impressionnant, le jeune quadra explique qu’il a choisi de miser sur l’optimisme, l’intelligence et la responsabilité des gens pour bâtir le monde de demain.
Il ne croit pas en l’homme providentiel – « que ce soit Barack ou Manu » – capable de régler tous les problèmes. Il en est persuadé, la solution passera par l’intelligence collective. « Les partis politiques ne proposent plus rien ? Les visions et les idées peuvent être produites par tous. Les organisations les plus performantes et importantes de demain sont celles qui font appel à l’intelligence collective. »
Avec Bright Mirror, Antoine Brachet propose aux gens de passer de l’état de spectateurs à celui d’auteurs. Et bientôt d’acteurs. Reste une étape décisive à franchir pour passer de l’utopie à la réalisation. Comment capitaliser sur les 150 à 200 scénarios écrits et récoltés lors des Bright Mirrors ? Il y travaille.
Pour être tenu au courant des futures soirées Bright Mirror partout en France : brightmirror@bluenove.com.