Avant-après : transformation d’un carrefour grâce au design incitatif
Le carrefour des Limites, situé entre Pantin, Bobigny et Romainville, vient de subir un lifting temporaire et réussi. Les propriétés du design incitatif ont notamment été utilisées pour insuffler un caractère urbain à un morceau de ville qui en manquait cruellement. Urbis le Mag vous propose un « Avant-Après » décrypté grâce aux indications d’Alice Mortier, chargée de projet au Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.
Avant
C’est sur une voie départementale traversant la Seine-Saint-Denis qu’est situé le carrefour des Limites, à cheval entre les communes de Pantin, Bobigny et Romainville. Le site accueille, à toutes heures du jour, des flux denses et de natures différentes : piétons, cyclistes ou automobilistes sont tous très nombreux.
Outre les nombreuses voies de circulation automobiles (deux fois deux voies sans compter celles en souterrain), on aperçoit sur la vue aérienne des bandes de stationnement, des coronapistes, des feux tricolores à toutes les intersections et des passages piétons presque effacés… Beaucoup de bitume en somme. L’ambiance est résolument autoroutière : difficile de s’imaginer qu’on est en ville.
Déclic
En 2022, des travaux sont menés. Les voies de circulation souterraines du carrefour sont supprimées et comblées : il s’agit de préparer la future arrivée d’un nouveau transport collectif – la ligne de bus Tzen – qui circulera à terme sur une voie dédiée.
Cette première phase de travaux donne au Département de Seine-Saint-Denis l’idée d’envisager un aménagement provisoire du carrefour des Limites, le temps pour ses usagers piétons et cyclistes, ainsi que pour les habitants du quartier, de patienter un peu plus agréablement, jusqu’au démarrage de la seconde phase de travaux prévue en 2027.
L’objectif principal de cet aménagement temporaire sera d’insuffler un caractère urbain au carrefour qui en manque cruellement. Signaler la proximité immédiate du canal de l’Ourcq, bordé de logements, d’entreprises et à la vie culturelle intense, constitue en outre un enjeu stratégique pour Pantin, Bobigny et Romainville, parties prenantes du projet aux côtés du Département.
Après
Les voies de circulation automobiles sont restées les mêmes. Des zones végétalisées favorables à la biodiversité ont été aménagées en lieu et place des voies souterraines supprimées en 2022.
Des zones réservées aux piétons – trottoirs, parvis… – ont été recouvertes de marquages au sol ultra colorés sur le thème des rayures, en résine ou en peinture autoroutière classique. Ainsi, la place réservée au piéton se révèle et parait décuplée. Le cheminement piéton entre la station de métro Raymond-Queneau et le canal de l’Ourcq tout proche est bien visible. Trois ombrières végétalisées et dotées de bancs (souvent occupés) ont pris place près des deux motifs en forme de soleil et sur le parvis du métro (en bas à gauche de l'image). Un signal clair est envoyé : ici, le piéton a toute sa place.
Partout, les pistes cyclables sont recouvertes de résine verte, ce qui les rend particulièrement difficiles à ignorer par les automobilistes. Cette mise en couleur est aussi de nature à donner l’idée de faire du vélo à ceux qui n’avaient remarqué que cela était possible. C’est l’un des effets prouvés et connus du design incitatif.
Carrefour des Limites, la cohabitation de plusieurs types de mobilité est devenue évidente. Les automobilistes sont prévenus : ils ne sont pas seuls et doivent composer avec les autres usagers du carrefour.
Les coulisses du chantier
Photo PALM.Les rayures et les formes géométriques basiques (rond, carré…) massives sont des motifs simples qui peuvent être tracés rapidement : c’est le choix de l’efficacité en termes de design incitatif.
L'essentiel des travaux a eu lieu en novembre 2023. A l’été 2024, quelques motifs, qui n’avaient pu être tracés au vu de conditions météo peu propices, ont été achevés. Des marquages artistiques dégradés ont aussi été remis à neuf ; notamment sur le parvis du métro, où les flux piétons sont considérables mais dont les dalles ne permettaient pas une bonne adhésion de la peinture. A noter que les pistes cyclables en résine restent en parfait état et que la peinture banale utilisée pour certains motifs des trottoirs semble bien tenir.
Maîtrise d’ouvrage Département de Seine-Saint-Denis ; Maîtrise d’œuvre peintures PALM.
Coût : 40 000 euros HT environ.