Portrait de territoire : Dunkerque 8/9

Identité
Lundi 29 juin 2015




Que l’on n’aime ou que l’on n’aime pas ce territoire, difficile de rester insensible à son atmosphère et à son charme si particulier. La beauté du Dunkerquois n’est pas de celle qui se donne au premier regard. C’est une beauté insolite, faite de chocs esthétiques, de paysages irréels, de couleurs pétaradantes. Une beauté bien loin des images d’Epinal, des paysages dont tout un chacun peut déclarer la joliesse sans crainte de se tromper.

Une beauté insolite

Apprécier la beauté du Dunkerquois, c’est faire preuve d’une certaine indépendance d’esprit, d’une volonté de marcher en dehors des sentiers battus. Voire d’une attitude très avant-gardiste !

Ce n’est donc pas un hasard si le territoire retient davantage l’attention des artistes que de toutes autres professions. Ils sont nombreux à s’y presser pour travailler. Le port et la zone portuaire exercent une véritable fascination sur eux. La digue du Braek les inspire. Le spectacle nocturne des usines les sidère. Les paysages brumeux à l’atmosphère mystérieuse les séduisent. Invités au balcon de la mairie de Dunkerque pour le traditionnel lancer de harengs, ils restent bouche bée devant l’inimaginable marée humaine des carnavaleux unis dans une même clameur.

Eggleston, Chao, Gadenne...


Citons parmi ces artistes le très grand photographe William Eggleston, qui a réalisé une saisissante série de photographies du territoire. Ou encore le chanteur engagé Manu Chao qui avait noué des liens très fort avec l’association culturelle Nautilosh. N’oublions pas Brigitte Mounier, dont la compagnie théâtrale, installée à Grande-Synthe, propose des pièces dont la justesse n’est que le reflet de la vie et de l’histoire des gens d’ici. Paul Gadenne, sculpteur de talent, a vécu de longues années à Saint-Pol-sur-Mer. Le Dunkerquois a inspiré les cinéastes (Karnaval, Quand la mer monte…), les romanciers (lire, si ce n’est déjà fait, La chambre des morts, le très sombre premier succès de Franck Thilliez). Il fascine aussi les architectes.

Inspiration pour les architectes


Dunkerque est l’une des villes les plus étudiées dans les écoles d’architecture ! Le territoire urbain est en effet dans une perpétuelle dynamique de démolition-reconstruction. Si bien qu’il a constitué, au fil du temps, un catalogue riche de l’urbanisme d’après-guerre. Ne manquez pas de le répéter : les immeubles à toits-terrasses de la Reconstruction, s’ils sont critiqués par les habitants, inspirent la jeune génération d’architectes qui en transpose actuellement des versions modernisées dans de nombreuses villes.

Quelle est la véritable personnalité de la région Flandre-Dunkerque ?

Pour le savoir, l’agence d’urbanisme de Dunkerque (AGUR) a mené une grande étude en 2006. Tous les documents, articles et livres mentionnant le territoire ont été compulsés. Un groupe ressource d’experts locaux a été créé. Des enquêtes ont été menées auprès d’habitants et de visiteurs (plus de 300 au total). Au final, un rapport de 400 pages croisant tous ces regards a été rédigé. Dix traits de caractère, tant physiques que psychologiques, ont finalement émergé, comme pour une personne de chair et de sang.

Presque 10 ans après, force est de constater que ce portrait de territoire n’a pas été utilisé par les différents acteurs du Dunkerquois (élus, professionnels du tourisme ou de l’économie de l’époque).

Mais il n’est pas trop tard ! L’expérience actuellement menée dans les villes autour du Louvre-Lens le démontre : un portrait de territoire est un outil précieux d’aide à la décision. Il contribue à donner du sens à des produits économiques, touristiques ou culturels ; à construire des événements en adéquation avec les spécificités physiques et culturelles du territoire ; à déterminer des stratégies de développement...

L'autrice

Journaliste spécialisée dans les questions urbaines et les enjeux d'aménagement des villes de demain, Vanessa Delevoye est la rédactrice-en-chef d'Urbis le Mag.

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